Samedi 23 mars 2019 de 18h à 19h au Gazette Café, 6 Rue Levat, Montpellier : Confrontation à quatre voix pour la présentation et signature du nouveau livre “Le Passe-Port entre poésie et psychanalyse”, entretien de Paule Plouvier par Christiane Anglès Mounoud et Jean Godebski .
La traversée du fantasme ou le refus des illusions
P.P. : Il y a des portes qui peuvent ouvrir sur la rêverie et l’inadaptation au monde, mais il y a des portes qui peuvent ouvrir sur la folie, la seconde mort, l’horreur psychotique du vide… On peut rencontrer, je crois, de pareils instants en psychanalyse ; ça s’authentifie à travers la passe, telle que Lacan l’avait instituée et que les lacaniens tentent de perpétuer. La traversée du fantasme disent-ils. Oui, il peut y avoir un moment horrible. Il n’est pas fait d’êtres monstrueux, de figures menaçantes, c’est vraiment une espèce d’horreur du vide.
“Pour moi, le féminin est du côté vietnamien, du côté de ma mère ; mais au Vietnam, qui était alors l’Indochine, les femmes n’avaient pas d’autres destins que de devenir des objets de plaisir. Ma grand-mère est morte à l’âge de vingt ans en mettant au monde une fille, ma mère. Cette femme était… quoi ? Une sorte de geisha ? Le père ? Un officier, un général, on ne sait pas bien (rire) qui appartenait au régiment du Tonkin. Ma mère sait simplement qu’il s’appelait de Luxer. Donc ma mère est recueillie puis élevée par des oncles… le passé de ma mère je ne le connais pas non plus. Les femmes objets de plaisir, enceintes, il faut sortir de là… D’où mon féminisme exacerbé. Mais sortir de la communauté asiatique, c’est avoir une grande difficulté à réinventer une féminité autre. D’autant que ma mère, même si je ne la voyais jamais, était un idéal maternel.” P.P.
“Le Passe-Port … Entre poésie et psychanalyse” est un livre-entretien de Christiane Anglès Mounoud et Jean Godebski avec Paule Plouvier.
“La poésie vous amène à entendre la langue dans sa jouissance propre selon celui qui la reçoit. Si vous voulez, il faut être deux toujours, même trois, il y a le poème, il y a celui qui l’a écrit et puis il y a celui qui écoute… En psychanalyse c’est un peu la même chose, il y a celui qui parle sur le divan, celui qui écoute et entre eux ces univers de symboles à travers lesquels on arrive, je ne dis pas à se rejoindre, mais à se croiser. Je ne crois pas qu’on se rejoigne en psychanalyse, je crois qu’on se croise, ce n’est pas pareil, un croisement n’est jamais définitif, c’est tout et c’est rien, c’est un point, c’est ponctuel. C’est un point qui peut vous donner la vie, c’est un point qui peut vous donner la mort. Mais rien ne s’arrête, rien ne se fige, voilà pourquoi il m’est difficile de parler de psychanalyse, je ne peux que témoigner de la façon dont je pratique, dont j’écoute…” P.P.