Par Jean Godebski Psychothérapeute Psychanalyste
Contact – Prise de rendez vous
La Fonction Maternelle ?
Première partie de la conférence « La mère suffisamment bonne… »
La fonction maternelle ? Première partie de « La mère suffisamment bonne… », première conférence du cycle « La mère suffisamment bonne… Mais pas trop !? » qui comprend aussi « La relation mère fille un ravage ? » et « Mère fils la relation impensable ! ». Son titre est la traduction du concept de Winnicott «The good–enough mother ». Cette expression fait le bonheur de toute la littérature « pour les mères »… Prétexte à montrer comment elles doivent s’y prendre avec leurs enfants !! Très en vogue en psychologie comportementale, nous en verrons les critiques… Et tenterons d’approfondir notre compréhension de la relation mère enfant… Fichtre !
La psychanalyse analyse toujours la fonction paternelle (Freud) qui devient Nom du Père pour Lacan : fonction de tiers, porteur de la loi, père-version… Mais quid de la fonction maternelle ? Est-ce que ça existe ?
G. Klimt Mère et enfants
Winnicott écrivait « Un nourrisson ça n’existe pas » ! Par là il voulait souligner l’importance des premiers soins indispensables à la vie même du bébé. Dès la conception, la gestation, l’accouchement, puis les soins, la relation… La fonction maternelle est vitale pour l’enfant. C’est une présence d’abord fusionnelle (gestation) puis après l’accouchement truffée d’absences, de plus en plus répétées, de plus en plus longues…Sa difficulté évidemment c’est son opacité… Relation précoce dont aucun enfant ne peut témoigner… Corps à corps qui touche le Réel (l’enfant n’a pas accès au Symbolique), qui est donc toujours avec le développement du langage et du sens, irrémédiablement refoulé : Refoulement originaire (Freud) et naissance de l’inconscient.
L’enfant pleure (parce qu’il a peur, parce que ça le « tiraille »?), la mère traduit ce pleur par un désir : il a faim. Nous pouvons aussi considérer que la mère crée le désir de l’enfant… Elle met en acte, en plaisir, un événement de corps de l’enfant (le corps qui manifeste sa faim). Ainsi l’enfant apprend, quand il a faim ou désir le sein maternel… Il pleure… On l’exauce. Ainsi sans doute advient la libido… Il y a en effet une concordance entre le développement infantile (phase orale, anale, génitale) accompagné des soins maternels (sevrage, propreté…) et la structure sexuelle de la libido décrite par Freud (Les sceptiques peuvent regarder n’importe quel film porno… ça devrait les convaincre… Diable !).
L’enfant sans langage n’est pas sans mot… Il naît dans un bain de langage. Après les études comportementales peu probantes pour comprendre les différences de relations entre la mère, sa fille ou son fils, nous présumons que c’est le genre – Il ou elle – qui détermine la sexuation psychique de l’enfant. Ce qu’on attend d’un garçon n’est pas ce qu’on désire d’une fille… Les mots sont différents, l’image même est différente… L’imaginaire des parents, de la mère, renforce (ou pas !) la sexuation psychique de l’enfant… qui cherche à se conformer, au mieux, à ce qu’on attend de lui.
Enfin la fonction maternelle est un processus de défusion. Un enfant provient de la rencontre « parfaite » du masculin et du féminin (fantasme parfait de la complétude… Saperlipopette !), la fusion spermatozoïde ovule qui donne l’étincelle… la vie ! Ce mystère a lieu dans le corps maternel où l’embryon se développe dans un ersatz de fusion… Une « nidification » suivie d’une séparation de corps brutale, puis d’un détachement physique (sevrage) puis psychique (Œdipe)… L’espace transitionnel, le doudou, la peur de l’étranger, le stade du miroir, le Fort Da, le langage, le roc de la castration… Autant de descriptions, d’explications, de concepts pour aborder cette relation de présence/absence… Avec de plus en plus d’absence… Jusqu’à l’autonomie.
En effet le sujet est d’importance… Pas de détachement maternel, et c’est la schizophrénie, le Nous mère-enfant que l’on conserve envers et malgré tout (malgré l’interdit, malgré la filiation, la différence de générations… Malgré le réel du manque, de l’incomplétude… La fusion n’est pas là !). Et c’est le corps poreux, sans limite définie… Un bout du corps de la mère (Nous sommes le même corps !). A l’inverse, un détachement trop violent et c’est le trauma, le refus de la castration, la structure abandonnique, l’alcoolisme, la dépendance… D’où le titre du cycle : Suffisamment bonne… Mais pas trop !? Un auteur propose même : La mère suffisamment haineuse !
Dans l’interdit de l’inceste, l’inceste ne doit pas être entendu seulement comme la réalisation d’un acte sexuel… mais bien comme l’impossibilité de se détacher d’une relation incestuelle, un amour comblant indépassable et indépassé. Si la mère n’invite pas son enfant à grandir, autrement dit à partir… Si la mère ne peut envisager d’éduquer son enfant pour le perdre… Comment cet être peut-il se sortir des mâchoires de crocodile (image de Lacan de l’amour maternel !) ?
La psychanalyse peut-elle étayer cet écart entre la mère et l’enfant devenu grand ? Le psychanalyste étant en fonction maternelle pour les structures psychotiques (contenant et défusionnant…) et en fonction paternelle pour les structures névrotiques (le tiers dont on se débarrasse une fois la castration admise) ? Mais cette cure par la parole est-elle suffisante, ou faut-il aussi se préoccuper du réel de la relation, du corps à corps précoce, archaïque, sans souvenir et sans mot… Par une clinique à construire et que Lacan, à la fin de sa vie, appelle « La clinique du Réel » ?
Dans la seconde partie de cette conférence « Une mère suffisamment bonne… » nous verrons comment les post-freudiens se sont emparés de la relation mère enfant pour faire de « la relation d’objet » l’essentiel même de la construction psychique de tout être humain. Dans la troisième partie, nous effectuerons ce « Retour à Freud » cher à Lacan, pour revenir à la structure du développement psychique… En relation aussi avec la structure psychique des parents, et notamment de la mère… Diantre !
Des vidéos prises sur le vif des ateliers et conférences sont disponibles sur la chaîne : Jean Godebski – You Tube
pour moi le réel ne peut s’appréhender que par les rêves. en effet c’est hors langage. mon expérience des rêves m’a permis de percevoir des images que je pourrais attribuer à cette période pré-langage, par exemple l’apprentissage de la marche. je n’ai avidement aucune certitude car c’est via des interprétations et donc via un langage d’après coup. j’ai aussi pu accéder à des foules d’images ayant trait à la vie intra utérine. même incertitude, et là je penche plus pour des reconstitutions inconscientes d’après coup.
Ce réel dont on parle, c’est à dire ces traumas de la toute petite enfance (vie intra-utérine, naissance, sevrage, pulsion de mort, abandon, agression…), je crois qu’ils sont non seulement « la pire catastrophe de l’humanité » mais aussi (surtout) fondateurs dd l’humanité… Comment accepter d’être un nourrisson tout seul ??? Il peut s’appréhender, d’après ma pratique, par l’imaginaire… rêves nocturnes ou éveillés… Comme une sorte de jeu de rôles. Bien sûr cet imaginaire nous venons le saturer de symbolique, de mots (c’est souvent long de mettre les mots justes sur des ressentis archaïques, impensés et impensables)… Nous faisons des « points de capitons », du collage réel, imaginaire, symbolique. Tout cela pour pouvoir re-vivre une scène inventée sans doute, mais surtout le ressenti associé (d’anéantissement, de mort…). Ainsi ce ressenti n’est plus une menace, mais un épisode de son enfance déjà vécu… Une blessure qui ne nous menace plus.