3. L’amour haine des femmes ?
Par Jean Godebski Psychothérapeute Psychanalyste
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« L’amour haine des femmes ? » est le troisième article de la conférence « Relations mère fille un ravage ? » après Introduction et « Mère fille un ravage ? »
Depuis la nuit des temps, la civilisation s’est construite sur l’amour des hommes pour les femmes (et réciproquement), amour qui a permis de procréer et d’assurer la survie de l’espèce humaine. Mais cet amour est-il dirigé vers les femmes ou plutôt vers les mères ?
Dans le même temps, l’être humain semble habité par une pulsion de destruction. Freud parlait de la « pulsion de mort », une tendance à la violence qui représente une des plus grandes entraves à la civilisation. Cette pulsion se manifeste souvent par le rejet et la haine de l’Autre, de ce qui est perçu comme différent. Ce phénomène est observable dès l’enfance : au collège, par exemple, les enfants cherchent à se conformer au groupe et à effacer leurs singularités.
Cette dynamique du rejet de l’Autre se retrouve dans l’histoire et la politique : des guerres napoléoniennes au Front National, de Donald Trump à Daesh, le discours dominant est souvent le même : « Protégeons-nous des différents. » Ce mécanisme de haine, souvent inconscient, alimente les conflits et les massacres de masse.
Le différent ultime : la femme
Historiquement, l’Autre a pris de multiples visages : Anglais (guerre de Cent Ans), Allemands (guerres mondiales), Noirs (esclavage), immigrants (Italiens, Polonais, Portugais, puis musulmans et migrants). La langue, la culture, la couleur de peau, la religion ou le statut social ont servi de prétextes pour identifier un « ennemi ».
Cependant, le différent le plus radical pour un homme n’est-il pas la femme ? Les guerres ne se limitent pas aux combats entre hommes : elles incluent souvent des violences systématiques envers les femmes (Shoah, Rwanda, épuration ethnique en Serbie). Cela soulève une question troublante : les hommes aiment-ils les femmes, ou seulement leur mère et leur épouse en tant que mères potentielles de leurs enfants ?
Dans certaines sociétés traditionnelles, les femmes sont désirées, mais ce désir doit être dissimulé, opprimé, voire interdit. « Toutes des putes sauf ma mère », résume un adage cynique, traduisant une opposition entre le respect maternel et la haine ou le mépris envers le féminin.
Paradoxes du pouvoir et du vote des femmes
Ces dynamiques interrogent également le rôle des femmes dans la reproduction des inégalités. Comment expliquer, par exemple, que Donald Trump soit massivement soutenu par des femmes (notamment d’origine hispanique), souvent issues de milieux traditionnels ? Pourquoi le vote des femmes n’a-t-il pas davantage changé les inégalités entre les sexes ?
Malgré un électorat composé pour moitié de femmes, ces dernières n’ont pas su ou pu constituer un bloc électoral puissant pour défendre leurs droits. Contrairement à d’autres groupes – comme les chasseurs, très influents politiquement – il n’existe pas, par exemple, un mouvement regroupant à peine 5 % des femmes (un million d’électrices) pour lutter spécifiquement contre les inégalités.
Les chiffres sont pourtant parlants : les femmes gagnent en moyenne 19 % de moins que les hommes, et jusqu’à 30 % de moins pour les cadres. Pourquoi ces inégalités persistent elles ?
Une haine intériorisée ?
Finalement est-ce que les femmes, les mères, consciemment ou non, ne partagent elles pas, elles aussi, cette amour haine du féminin, cette amour de la mère comblée et cette haine de la femme manquante ? C’est ce que nous allons tenter d’expliciter dans notre prochain article « La haine du féminin !? »
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