Pulsion de mort et traumatismes archaïques ?
A la recherche d’un inconscient réel…
Par Jean Godebski Psychothérapeute Psychanalyste
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Sans doute est-ce avec Freud qu’il faut commencer, scruter cette pulsion de mort décrite dans Malaise dans la civilisation, « pire catastrophe de l’humanité »… Quand le nourrisson s’aperçoit qu’il n’existe pas un Nous, un seul être constitué avec sa mère… Quand le nourrisson s’aperçoit qu’il est un être unique, seul, totalement impuissant, totalement vulnérable… Un bébé mort (en référence a Winnicott : « un bébé ça n’existe pas ») dame !
Est-ce que ce nourrisson qui voit sa mère se séparer, cette insécurité grandir, a les capacités physiques et psychiques de l’accuser elle d’incompétence, voir d’abandon, de rejet, de haine… ? Comment se défendre de cette impuissance, de cette angoisse de dépendre totalement de quelqu’un d’incertain ? Il y a là, il me semble, un « choix » de stratégie… de structure. Défense psychotique, l’enfant renie cette séparation (nous sommes toujours ensemble) accuse les autres de vouloir les séparer ou s’effondre de cette menace d’anéantissement. Défense perverse, l’enfant colmate cette « castration » par un objet (un doudou), séparé on peut néanmoins être toujours ensemble. Défense névrotique, l’enfant s’accuse, c’est de ma faute, je ne suis pas aimable, pas capable… Mais si je suis un autre, capable, gentil, aimable… Alors elle ne me laissera pas fichtre.
Pour Freud, la naissance de l’inconscient était concomitante avec le langage… Quand l’enfant donne sens à ses pulsions les plus folles, il les refoule. Dans sa relecture de Freud, Lacan dans son premier enseignement constate que « L’inconscient est structuré comme un langage ».
Dans cette vision structuraliste, le développement de l’enfant tente de dépasser une à une toutes les structures psychotiques, puis perverses (le fameux « pervers polymorphe »), pour se fixer en majorité dans une structure névrotique obsessionnelle ou hystérique (selon le déroulement de son complexe d’Œdipe). Se fixer dans une structure n’empêche pas, bien entendu, de conserver de grands traits d’autres structures (traits obsessionnels ou hystériques, pervers, mélancoliques, paranoïaques, schizophrènes…).
La non résolution complète des symptômes traumatiques archaïques, et leurs apparitions précoces, éloigneront Lacan du complexe d’Œdipe (et de la fonction paternelle, son fameux Nom du Père) pour théorisée un trauma du à la Lalangue (l’apparition du sens, le langage du nourrisson avant toute grammaire) et une « castration » à partir des lois du langage (le rôle du Nom du Père tenu par le langage). La percussion de lalangue sur le corps fait trauma (un excès de jouissance que nous répétons sans cesse, en parlant sans cesse) et provoque un évènement de corps (impossible à résorber par le langage)… Un refoulement corporel, réel.
Si à ses débuts Lacan affirmait la primauté du Symbolique, petit à petit, tout au long de son enseignement, Imaginaire et Réel reprennent consistance. Dans le Tout dernier Lacan (à partir de 1975), il recherche une clinique du Réel, au-delà du langage, afin de circonscrire le noyau du symptôme, sa partie inscrite sur le corps, le sinthome. Accepter le sinthome, c’est accepter un Réel des traumatismes archaïques, une sorte de refoulement avant tout langage… Un inconscient réel (hors mot et hors sens).
Dans la clinique, nous repérons vite les traces laissées par des traumatismes archaïques : naissance difficile, séjours en couveuse ou à l’hôpital, sevrages brutaux… Nous voyons aussi les ravages d’un abandon précoce (dès le premier jour), d’une absence prolongée, d’un baby blues trop marqué, d’un rejet conscient ou inconscient, d’une agression sexuelle refoulée… Structure abandonnique, anorexie boulimie, perte de consistance… On s’aperçoit bientôt que la condition humaine est marquée par ce ressenti de séparation précoce, cette pulsion de mort traumatique… Passage du Nous mère/enfant au Je du nourrisson tout seul.
Ce refoulement des traumatismes archaïques, défense indispensable pour le développement de l’enfant, s’accompagne, dans le cas des structures névrotiques d’une nécessaire culpabilité archaïque… Si ma mère n’est plus moi, c’est parce que je ne suis pas capable, pas aimable, détestable… Et si c’est de ma faute, alors je peux me protéger, changer, être autre et en sécurité diable.
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Diable et saperlipopette! c’est fichtrement bien dit! 🙂
trés clair et comprehensible !!! merci