Traumatismes de l’inceste

 

II- Traumatismes de l’inceste

Par Jean Godebski Psychothérapeute Psychanalyste
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Après « Comprendre les mécanisme de l’inceste – Avertissements » et « Traumatismes, mécanismes de défenses et répétitions », je tente de décrire ici les spécificités des traumatismes de l’inceste, leurs apparitions, leurs répétitions, leurs propagations diantre.

Définition

Si l’inceste caractérise « les relations sexuelles entre proches parents (dont le mariage est interdit) », nous le définirons ici comme un abus sexuel sur un enfant (agression, « soin », « câlin génital » pas forcement violent), par un parent, grand parent, frère, sœur, oncle, tante, beau-parent… Toute personne située dans la sphère familiale intime.

Traumatisme initial

Le premier abus sexuel sur un nourrisson ou un enfant, même sans violence, même « par amour », est toujours traumatique, ravageant. Dans ma pratique de la psychanalyse, un traumatisme incestueux est toujours traumatisme de corps (réel dirait un lacanien)… Mon hypothèse est qu’il s’agit d’un mécanisme de défense « reptilien » (de toutes les espèces ?) : si l’on impose des « jeux génitaux » à des enfants, immédiatement, pour se défendre, ils se dissocient de leur corps… Comme un bug, un tilt ! Le corps de l’enfant n’est pas capable de soutenir le désir de son parent, il lâche ! L’enfant, détaché de son corps, ne ressens plus rien, ne participe en rien… « Ça ne marche pas » !!! En général, le « jeu » s’arrête là… Mais le traumatisme de dissociation, voir d’écrabouillement est inscrit.

Refoulement définitif

Dans la névrose (comme dans la perversion) le refoulement est la marque même d’un traumatisme (avec sa répétition). On peut rêver, imaginer et bien sûr ressentir un traumatisme… Mais mon analyse personnelle comme ma pratique professionnelle de psychanalyste, me montrent que le souvenir du traumatisme initial n’apparaît jamais (même s’il a lieu après 10 ans). S’il y a souvenirs (refoulés ou niés), une « mémoire traumatique » qui se dévoile (souvent pour des agressions entre 7 et 15 ans), j’en déduis qu’il s’agit de répétitions du traumatisme initial. Le premier abus sexuel sur un enfant est toujours traumatique et définitivement refoulé (ainsi sans doute que ses premières répétitions), c’est à dire à jamais invisible.

La culpabilité

Le mécanisme de défense qui empêche, dans la névrose, les ressentis traumatiques c’est la culpabilité (parfois même une culpabilité archaïque) : c’est entièrement de ma faute ! Mon corps incapable, dégoûtant ne peut soutenir « l’amour » de mon parent… Mon esprit malade, mauvais, mes désirs malsains sont à l’origine même de ma perte, de ma terreur, de mon traumatisme de dissociation et d’écrabouillement. Ainsi l’enfant reprend imaginairement le pouvoir, il peut faire quelque-chose (échapper à l’impuissance « tout est foutu ! » de la Mélancolie)… Il peut choisir d’être un autre, un enfant sage, bon et sain… Et donc, des années durant avec son parent incesteur, être quand même en sécurité.

Répétitions, mécanismes de réparation ?

Ces mécanismes de défenses, refoulement et culpabilité (refoulement et déni pour la structure perverse), procurent à l’enfant un sentiment de sécurité qui lui sauve et son enfance et sa vie. Mais avec le « retour du refoulé », les ressentis d’un corps incapable, dissocié, d’un corps écrabouillé reviennent… Pour se débarrasser de ses ressentis potentiellement mortels, l’enfant grandissant ou l’adulte n’a d’autre choix que « de rejouer le match », refaire la scène pour se prouver que la terreur est inutile, que son corps tient, qu’il peut effacer la menace. Dans l’inceste de surcroît, l’amour impossible de l’enfant (mon corps ne tient pas !) avec son parent (amour indispensable pour l’enfant) s’apparente à une passion : si c’était possible, si mon corps tenait, ce serait le nirvana, la « complétude » !

Hypothèse de l’abuseur abusé

Dans ce type d’incestes invisibles, l’incesteur est d’abord un incesté (inconscient) qui rejoue les scènes d’abus pour récupérer son corps et effacer une menace de dissociation voir d’écrabouillement.

Différentes positions dans l’inceste

Les positions incesteur / incesté peuvent se décliner en abuseur/abusé, dominant/dominé, actif/passif, grand/petit… Nos représentations y ajoutent en général un pénétrant/pénétré qu’il est facile de transformer en homme/femme ou garçon/fille… Plus précisément en homme/fille, voir en homme/garçon… Des hommes grands, dominants, actifs, pénétrant abusent des femmes petites, dominées, passives, pénétrées : tel est le schéma de l’inceste. Et en effet, dans les incestes reconnus par témoignages, plus de 80% des incesteurs sont des hommes qui abusent leurs filles, petites filles, sœurs ou nièces entre 7 et 15 ans. Mais que répètent-ils ?

Répétition des positions abuseur/ abusé ?

Un petit garçon (un nourrisson?) dont la mère fait une fellation, pourra répéter des fellations… Il sera en position d’abuseur. Une petite fille dont le père fait subir une fellation, pourra répéter des fellations… Elle restera en position d’abusée. Ainsi les répétitions mortifères d’incestes se rejouent en position d’abuseur pour la majorité des hommes incestés, en position d’abusée pour la majorité des femmes incestées.

Hypothèse d’incestes maternels

Existe-t-il des femmes grandes, dominantes, actives, pénétrées qui abuseraient d’hommes petits, dominés, passifs, pénétrant ? Autrement dit : Existe-t-il des mères avec des traumatismes d’incestes refoulés qui font des attouchements génitaux sur des petits garçons (voir des nourrissons) qui deviendront à leur tour incesteurs ?

Culpabilité réelle et silence

Peut-on envisager en tant que victime d’inceste (consciente ou inconsciente), d’être ensuite l’incesteur de sa sœur ou de son frère, de sa fille ou de son fils ? Peut-on accepter d’être la figure même du monstre ? Face à cette honte massive, le silence n’est-il pas la seule option possible ?

Tabou de l’inceste maternelle

Imaginez votre mère incesteure ? Imaginez que maman vous veuille du mal à 3 mois, à 3 ans ? Est-ce possible ? N’est-ce pas le trait d’une paranoïa aiguë ?
Imaginez qu’en tant que mère (victime inconsciente d’inceste), vous avez répété ses gestes incestueux sur votre enfant ? Que « par amour » vous l’avez partiellement détruit ? L’inceste maternel est-il imaginable ? Pensable ? Traversable ?

Traces

Dans mon troisième chapitre « Signes et indices de l’inceste », j’essaie de repérer quelques traces de cette montagne invisible de l’inceste inconscient… puis je tenterai d’esquisser dans ma dernière partie un « Travail de psychothérapie analytique » possible vertudieu.

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Jean Godebski

Psychanalyste Psychothérapeute - Cabinet Jean Godebski (Nimes) Cabinet Jean Godebski Psychothérapie

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Sarrazin
Sarrazin
10 heures il y a

Je ne comprends pas bien. Une mère peut abuser son fils sans gestes sexuels, mais par une façon d’être avec lui, par une incapacité à respecter des limites (rentrer dans une salle de bain où un garçon de 18 ans se douche, par exemple), par des coups : elle répète, transmet la normalité qu’a l’inceste dans sa vie, dans sa génération en famille, dans les générations précédentes.

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